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Exposition Signac Collectionneur, musée d’Orsay, Paris

Plus de 350 000 visiteurs se sont pressés au musée d’Orsay entre octobre 2021 et février 2022 pour admirer une partie insoupçonnée de la vie de Paul Signac : son œuvre de collectionneur. Homme passionné par l’art de ses contemporains, il accumule avec exigence les œuvres de ses maîtres impressionnistes, de ses amis du tournant du XXe siècle, et des avant-gardes qui bouleversent le paysage artistique : les Nabis, Henri Matisse, Kees van Dongen. Le portrait d’un artiste dont le goût ne se laisse jamais démoder, éclairé par le soutien scientifique des Archives Signac, qui ont permis l’exploration de sa correspondance et des carnets dans lesquels l’artiste détaillait méticuleusement ses achats.

Un paysage de Cézanne, première acquisition de Signac

Paul Signac, peintre révolutionnaire aux goûts visionnaires

Signac a seulement 22 ans lorsqu’il achète son premier tableau. Comme pour de nombreux artistes de la génération post-impressionniste, l’admiration se porte sur Cézanne, dont il acquiert un paysage. Vingt ans plus tard, l’artiste est toujours au coeur de l’avant-garde artistique : il reçoit chez lui, au bord de la Méditerranée, Henri Matisse, et encourage les mutations que celui-ci influe au divisionnisme du maître en lui achetant une toile qui annonce ses audaces fauves, Luxe, calme et volupté. Entre-temps, Signac se sera intéressé aux principaux artistes de son temps : Georges Seurat, les peintres et militants Maximilien Luce et Henri-Edmond Cross, son ami hollandais Van Gogh, et ses maîtres à penser Monet, Degas et Caillebotte.

Une telle rétrospective du goût d’un homme a été rendue possible par l’ouverture des archives Signac, notamment sa correspondance et les carnets dans lesquels il décrivait minutieusement ses acquisitions. 

« Il parlait surtout des autres, de ceux qu’il admirait, de Jongkind, de Seurat et de Cross aussi bien que de Stendhal et de Fénéon. Il me montra le beau paysage de Cézanne, acheté autrefois chez le père Tanguy, des dessins de Degas, des reproductions de toiles de Turner. Il évoqua les heures passées avec Van Gogh à Arles, et il m’encouragea à revenir »

John Rewald à propos de sa rencontre avec Signac  en 1933

 

Henri Matisse
“Luxe, calme et volupté”, [automne 1904 – hiver 1904]
Huile sur toile, 98,5 x 118,5 x 2,2 cm
© Succession H. Matisse
Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP

Signac protecteur de la modernité

Cette correspondance permet de découvrir non seulement l’intimité du peintre, de sa famille et de ses amis, mais de se pencher sur l’œuvre d’un théoricien de la peinture comme travail de la couleur pure. Il lègue ce travail à la modernité du début du siècle, qui ne cessera d’explorer les limites de la décomposition des formes et de la division par la couleur. Précurseur dans son œuvre et dans l’acquisition, l’immense travail de sa vie peut enfin être appréhendé dans toutes ses facettes.

Signac est également engagé dans les institutions qui encouragent les audaces de ses plus jeunes confrères. En 1884, il participe à la fondation de la Société des artistes indépendants, qu’il dirige ensuite pendant 25 ans et qui donne une visibilité aux jeunes artistes qu’il collectionne : Pierre Bonnard, Maurice Denis, Henri Matisse et Kees van Dongen. Il possédera pas loin de 200 toiles, qui ont pu être réunies au musée d’Orsay pour témoigner de l’engagement de l’artiste en faveur de l’art de son époque.

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