L’amitié

La ferveur de l’amitié

« Mon cher ami Signac, Je vous demeure bien obligé de votre si amicale et bienfaisante visite qui a considérablement contribué à me remonter le moral. (…) Mais par moments, il ne m’est pas commode de recommencer à vivre car il me reste des désespérances intérieures d’assez gros calibre.(…) La meilleure consolation sinon le seul remède c’est à ce qu’il me semble les amitiés profondes même si celles-là ont le désavantage de nous ancrer dans la vie plus solidement que, dans les jours de grande souffrance, il puisse nous paraitre désirable. Merci encore une fois de votre visite qui m’a fait tant plaisir. En pensée bonne poignée de main, Vincent. »

Alors qu’il est interné en Arles, suite à l’épisode de l’oreille tranchée, Van Gogh reçoit la visite de Signac. Cette marque d’affection a beaucoup compté pour lui, comme en témoigne ce courrier daté de 1886. Signac est en effet l’un des seuls peintres de son époque à soutenir Van Gogh et à lui témoigner toute l’estime qu’il porte à son travail.

L’amitié constitue le moteur le plus ardent et constant de l’existence de Signac. Avec Georges Seurat, il ose se lancer dans un nouveau style de peinture, avant de le théoriser à son tour pour le public. La proximité de leurs ateliers, près du boulevard de Clichy à Paris, permet aux deux jeunes artistes de se rendre visite quotidiennement pour confronter leurs travaux.

L’admiration qu’il voue à ses amis peintres, Camille Pissarro, Maximilien Luce et Henri-Edmond Cross en premier lieu, sera déterminante dans son parcours artistique.
Son goût, ses expérimentations et ses rapprochements ne cessent d’évoluer à leur contact. Jusqu’à la fin de sa vie, Paul Signac conservera cet émerveillement pour la peinture des autres et notamment ceux de la jeune génération, à commencer par Pierre Bonnard qu’il défendra ardemment.

 

Paul Signac est un ami chaleureux et démonstratif qui se livre avec sincérité sur ses sentiments, sur ses élans les plus enthousiastes comme sur ses déceptions…

Par ses innombrables courriers et ses invitations, à venir dîner ou dessiner sur le motif, il ne cessera de témoigner son attachement à ses proches compagnons. Le collectionneur et critique d’art Félix Fénéon, avec lequel Signac entretiendra une relation étroite pendant quarante ans lui écrira cette lettre en 1927 : « Vous m’êtes le meilleur des amis. Et nul de vos amis ne vous aime plus que je le fais. »

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